Les fonds en euros concernent un grand nombre d’épargnants en assurance vie ou en plan d’épargne retraite. L’année 2022 a vu une remontée des rendements servis chez les assureurs, après des années de baisse continue. Une tendance haussière qui se confirme pour 2023.
Sur les fonds en euros, on rappelle que les rendements sont distribués par les assureurs chaque année au 31 décembre et communiqués en janvier. Les chiffres officiels ne sont pas encore tombés, mais on voit déjà une tendance se dessiner, qui fait écho à la remontée du rendement de tous les placements sans risque depuis plus d’un an, à commencer par le Livret A (passé en 18 mois de 0,50% à 3%), les comptes à terme bancaires (les meilleurs sont à plus de 4% actuellement) ou encore les fonds monétaires.
Pour bien appréhender le sujet, on peut se poser trois grandes questions :
- la hausse de 2022 était-elle un simple rebond ou bien annonce-t-elle une tendance plus longue ?*
- les offres promotionnelles avec taux majorés, que l’on voit se multiplier actuellement, sont-elles de vraies opportunités pour les épargnants ?
- et puis concrètement, quelle part de ses placements faut-il allouer au fonds en euros ?
*Pour rappel : le taux moyen servi 2022 = 2%, contre 1,28% en 2021 et estimé autour de 2,50% en moyenne pour 2023 par les professionnels du secteur
On a vu, pendant des années, les rendements diminuer et les assureurs inciter à diversifier vers les supports en unités de compte : est-ce vraiment pour faire demi-tour aujourd’hui ?
Avec la remontée des taux en 2022, sommes-nous au début d’un nouvel âge d’or pour les fonds en euros ?
Il faudrait pour cela réunir les mêmes conditions que celles qui ont fait leur succès historique : garantie du capital, effet cliquet, rendement durablement supérieur à l’inflation.
C’est ce qu’avaient réussi à faire les assureurs, grâce à des portefeuilles obligataires constitués à une époque où les taux longs étaient élevés (on rappelle que les obligations constituent encore 80% des actifs des fonds en euros).
Au fil du temps, les taux obligataires ont baissé, flirtant même avec zéro en 2018-2019 et entraînant la baisse des rendements des assureurs, avant que le niveau d’inflation repasse au-dessus du rendement moyen des fonds en euros depuis trois ans.
Avec la hausse des taux courts et des taux obligataires depuis 18 mois, on pourrait penser que l’on est repartis pour un tour. Mais attention, cette hausse des taux obligataires ne se réplique pas directement et intégralement sur les taux servis : il y a un enjeu sur les flux collectés par les assureurs.
Pour une hausse durable, il faut de la collecte nette ; or en 2023, les assureurs connaissent une collecte nette limitée en fonds euros, voir négative pour certaines compagnies. Dans ce cas, les nouvelles obligations à taux plus élevé ne viennent qu’en remplacement d’obligations arrivées à maturité : l’effet « relutif » sur les rendements est donc limité.
Alors, pour résister face au Livret A ou des super livrets/comptes à terme de nouveau compétitifs, les assureurs sont poussés à piocher dans leurs réserves pour augmenter leurs rendements : ils ont des réserves, ils devraient donc s’en servir encore cette année pour faire plaisir aux épargnants.
Des offres commerciales qui se multiplient
Depuis un an, c’est le grand retour des offres commerciales proposant des taux de rendements majorées (bonus ou boost appliqué en plus du rendement de base du fonds en euros).
Qui dit plus d’offres, dit plus de choix, mais surtout qu’il faut être encore plus sélectif ! Les critères peuvent être différents et parfois complexes à appréhender :
- il y a les taux majorés sur les nouveaux versements, c’est-à-dire sur la part investie en fonds euros pendant la période promotionnelle, que vous soyez déjà client ou nouveau client, sans forcément de contrainte d’investissement associée >> c’est le plus simple
- il y a les bonus qui s’appliquent au taux de base servi, qui dépendent de la répartition entre fonds euros et unités de compte sur votre épargne constituée : vous aurez ainsi un meilleur taux servi si vous avez, par exemple, 50% ou plus en supports en unités de compte >> cela peut aller jusqu’au doublement du taux de base !
- et il y a même une combinaison possible des deux (taux majoré sur versement, bonus sur stock) qui peut porter les rendements à + de 4% sur un an, voire deux ans >> la grille de lecture n’est pas forcément simple, mais il y a actuellement des opportunités à saisir
Au final, on constatera certainement sur 2023 – et probablement 2024 – des écarts significatifs entre les assureurs dans les rendements servis au final.
La diversification reste essentielle
En tenant compte de ces différents éléments, concrètement, quelle part faut-il allouer au fond en euros aujourd’hui ?
Bien sûr, cela dépend à la base de son profil investisseur et de son horizon de placement. Mais hormis pour les profils totalement sécuritaires, le bon conseil ce n’est évidemment pas d’investir à long terme à 100% en fonds en euros. Même si plusieurs acteurs du marché ont de nouveau ouvert cette possibilité, et même avec des offres intéressantes à court terme, on peut en profiter, mais avec modération, comme toutes les bonnes choses.
Il est préférable de rechercher la complémentarité entre les classes d’actifs : en d’autres termes, une allocation qui permet à la fois de nourrir plusieurs moteurs de rendement et de limiter l’exposition à un seul type de risque.
Actuellement, on peut utiliser efficacement le fonds en euros (à hauteur de 30% ou 40%) aux côtés de classes d’actifs obligataires (redevenues attractives, elles aussi), d’actifs tangibles (immobilier, infrastructures) et d’actions (cotées, non cotées, indicielles, gérées, structurées).
Cela donne suffisamment de place pour chaque classe d’actifs de développer son potentiel de rendement, sans s’exposer fortement à un retournement ou une crise de marché : on a l’habitude d’en tenir compte sur les marchés actions ; on a pu le voir en 2022 sur les obligations ou cette année avec la tension sur les actifs immobiliers.