C’est l’actualité de ce début d’année : malgré les lourds prélèvements sur les contribuables, salariés et entreprises, il manque 40 milliards d’euros par an (10 milliards pour le secteur privé, 30 milliards pour les régimes publics) pour le financement des régimes de retraites. Face à ce constat, le gouvernement semble déterminé à mettre en place une réforme de grande ampleur. Contestée, celle-ci apparait cependant plus que probable.
Concrètement, quels changements ?
Cette réforme repose sur l’alliance entre la majorité présidentielle et Les Républicains, et s’appuie sur deux leviers :
1️⃣ Le recul de l’âge légal : à 64 ans par rapport à 62 ans aujourd’hui. Une étape intermédiaire de 63 ans est prévue en 2027.
2️⃣ L’accélération de la réforme Touraine, qui prévoit un allongement du nombre de trimestres nécessaires pour obtenir une pension au taux plein. Celle-ci instaure un minimum de 43 ans pour liquider sa retraite à taux plein. Cette exigence, prévue initialement pour 2035, sera donc prescrite avant.
Qui est impacté ?
Tous les actifs ne sont pas impactés : le plein effet ne concerne que ceux nés à partir du second semestre 1968, compte tenu du calendrier probable d’adoption de la réforme.
Que retenir de la stratégie du gouvernement ?
Cette réforme est pensée autour de trois prérequis majeurs :
❌ ne pas alourdir les cotisations pesant sur les entreprises et les actifs
❌ ne pas baisser le montant des pensions des retraités actuels
❌ ne pas brusquer les choses dans le secteur public, la réforme ne concernant que les nouveaux entrants.
On peut regretter ces choix qui impactent prioritairement les actifs du secteur privé. Une chose est certaine : il n’y aura pas d’augmentation du taux de remplacement, qui correspond au pourcentage des revenus conservés à la retraite par rapport aux derniers revenus d’activité. Celui-ci reste en moyenne à 60%, plus élevé dans le public que dans le privé.
En contrepartie de ces efforts :
✅ le gouvernement améliore le minimum vieillesse, qui sera relevé à 1.200 euros bruts (y compris pour les retraités actuels)
✅ la prise en compte de la pénibilité est renforcée, avec la création de mesures de suivi spécifiques
✅ enfin, un indice permettant de monitorer l’efficacité de la gestion des carrières des seniors a été créé afin de renforcer leur employabilité : pression maximale sur la gestion dynamique des carrières dans les entreprises.
Face à cette réforme, il existe des moyens afin de compléter ses revenus à la retraite !
Le principal levier des Français pour préparer leur retraite consiste à devenir propriétaire de son logement : ils y consacrent les 2/3 de leur taux d’épargne, historiquement très élevé.
Mais il est aussi possible d’épargner afin de se constituer un capital pour compléter ses revenus lors de sa retraite. Pour cela, il n’y a pas d’âge pour commencer. Mais évidemment, plus tôt l’épargne est constituée, plus vous pourrez bénéficier de la puissance de la capitalisation des intérêts composés (intérêts composés, c’est-à-dire les intérêts sur les intérêts).
Il existe pour cette épargne financière une multitude de possibilités techniques :
- l’assurance vie
- le Plan épargne retraite (en entreprise et/ou individuel)
- Le Plan d’épargne en actions (PEA) et le PEA-PME (afin de financer des petites et moyennes entreprises)
- le compte-titres
- l’immobilier de rapport, physique ou sous forme papier de SCPI
Pour choisir entre ces différentes solutions de moyen/long terme, il est nécessaire d’adopter une approche individualisée. Cette vision large doit considérer :
- la situation civile, professionnelle et fiscale
- la capacité d’épargne
- le patrimoine et ses perspectives de valorisation
- la priorisation par rapport aux autres projets à financer
- l’établissement d’une planification financière dynamique dans le temps
- le différentiel à combler entre les montants estimés de pension des régimes obligatoires et les revenus du patrimoine déjà constitués
Les incontournables
L’assurance vie et le PER constituent des produits de base gagnants pour tous les Français.
Les allocations d’actifs au sein de ces produits peuvent cependant varier selon les individus (leur aversion au risque et leurs valeurs, par exemple). Il est possible d’inclure (ou d’exclure) de l’immobilier, des fonds obligataires, des actions diversifiées, des fonds d’infrastructures, du private equity…
Nos conseils pour les cas particuliers
👉 En cas de ressources financières importantes, une fois le plein réalisé en PER et Assurance-vie, le PEA semble particulièrement indiqué. Son principal avantage : à la sortie, les retraits en capital se font sans impôt sur les plus-values et il dispose d’une option de conversion en rente à vie défiscalisée.
👉 En cas de patrimoine immobilier important, nous vous conseillons l’achat de la nue-propriété, qui correspond à l’achat des murs d’un logement. L’usufruit est cédé à un bailleur social qui fait les travaux et perçoit les loyers : vous n’avez donc aucun gain, mais rien à débourser non plus. Cela signifie aussi que vous n’êtes pas soumis au départ à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Les revenus se déclenchent lorsque l’usufruit temporaire prend fin (au bout de 15 à 20 ans, généralement).
👉 Dans le cas des entrepreneurs, le plus souvent, la valorisation de leur outil de travail leur permet de toucher un capital en le cédant avant de partir à la retraite. Leur patrimoine professionnel est donc transformé en patrimoine personnel. Il est néanmoins nécessaire dans ce cas : 1/ de prendre en compte l’immobilier d’entreprise (dans l’approche d’accumulation du capital) ; 2/ d’arbitrer entre du dividende et de l’épargne salariale, souvent plus efficace (pour les TPE ou holding) ; et 3/ de préparer la cession au moment voulu en organisant en amont le mode de détention de l’outil de travail et en préparant l’entreprise.