Comment placer ses liquidités dans un contexte d’inflation ? Quand le taux d’intérêt auquel on a emprunté est inférieur aux taux de rendement qu’on peut espérer en plaçant ses liquidités, rembourser son emprunt intégralement est une mauvaise idée.
Prime confortable, héritage : que faire en cas de rentrée d’argent ? Pour beaucoup d’entre nous, le premier réflexe consiste à rembourser ses dettes, comme un emprunt immobilier.
Le contexte d’inflation perdure et obère la rentabilité des placements
En cas de rentrée d’argent, rembourser son emprunt est un réflexe de gestion classique. Il renvoie à un ensemble de principes longtemps baptisés « gestion de bon père de famille », désormais qualifiés de « gestion raisonnable ». Pourtant, l’épargnant peut également choisir de placer cette somme dans un nouvel investissement. Cette décision est raisonnable également. L’arbitrage entre placement et remboursement nécessite de tenir compte du contexte économique et financier.
En l’occurrence, en 2024, l’inflation perdure. Elle tend à ralentir et devrait se situer pour l’ensemble de 2023 aux alentours de 5%, d’après les estimations de l’Insee. L’an passé, les taux d’intérêt ont augmenté, dopant la rémunération de nombreux placements jugés sécuritaires. Ainsi, la rémunération du livret A est passée à 3%. Cela reste insuffisant pour protéger l’épargnant de l’inflation. Ce premier constat peut inciter à privilégier un remboursement par rapport à un placement.
Un mauvais réflexe : privilégier systématiquement le remboursement de ses emprunts
En période d’inflation, rembourser un emprunt par anticipation peut se révéler contre-productif. Comment choisir l’affectation de ses liquidités ? L’investisseur doit comparer ses taux de rendement espérés quand il place ses liquidités et le taux d’intérêt de son emprunt. Si le taux de rendement est supérieur au taux d’emprunt, il n’est pas judicieux de rembourser son emprunt. Cette situation est plus fréquente chez les contribuables remboursant un emprunt contracté depuis plus d’un an. En effet, les taux d’emprunt ont commencé à réellement augmenter au deuxième semestre 2022, sous l’influence de la hausse des taux directeurs décidée par les banques centrales. Cette politique de resserrement monétaire a pour objectif de lutter contre l’inflation.
Pour le souscripteur d’un crédit immobilier au taux de 1,5% il y a deux ans, le calcul est rapide : en plaçant ses liquidités sur un Livret A rémunéré à 3%, les intérêts générés sont deux fois supérieurs aux intérêts remboursés pour le crédit immobilier. L’investisseur est gagnant en conservant son prêt.
Conserver son emprunt : un choix avantageux du point de vue fiscal
Conserver votre emprunt peut se révéler judicieux d’un point de vue fiscal. En effet, si vous êtes un investisseur locatif, vos intérêts d’emprunt sont déductibles de vos revenus locatifs. Ainsi, vous déduisez d’autant votre charge fiscale.
Quand vous êtes redevable de l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI), continuer à rembourser vos mensualités d’emprunt vous permet également de réduire l’assiette de votre impôt. En effet, le montant de votre IFI est calculé sur la valeur nette de votre patrimoine immobilier au 1er janvier de l’année d’imposition. Toutes les dettes existantes au 1er janvier et afférentes à ce patrimoine doivent être déduites. Vos intérêts d’emprunt correspondent à des dépenses d’acquisition. Ils sont pleinement déductibles
L’essentiel à retenir
- L’investisseur doit s’intéresser au contexte macroéconomique (inflation, taux d’intérêt) pour arbitrer entre remboursement et investissement.
- Il doit comparer les taux d’intérêt remboursés et le taux de rendement de son futur placement.
- Dans certaines situations, ne pas rembourser son emprunt peut apporter un bonus fiscal.
Achevé en décembre 2023