Les fonds euros, placement préféré des Français, représentent un tiers des 6.000 milliards d’euros d’épargne financière hexagonale, et près de trois quarts des capitaux investis en assurance vie. Cependant, depuis la crise financière de 2008, ils ont subi une baisse progressive de leurs rendements en raison de la chute des taux d’intérêt.
Un mécanisme complexe
Les assureurs, qui gèrent sur le long terme leurs fonds euros doivent jouer avec l’évolution des taux d’intérêt, les flux de collecte, de prestations et le réinvestissement des lignes obligataires arrivées à maturité.
La baisse des taux des dernières années a fait grimper le cours des obligations anciennes détenues par les assureurs, qui sont devenues mécaniquement plus attractives que les nouvelles obligations émises à taux plus faible. Cependant les assureurs font face à un double mouvement : ils versent des prestations (qui sont des sorties de capitaux) et les lignes d’obligations anciennes stockées à taux élevé finissent par arriver à échéance, et ont dues être réinvesties à taux très bas, diluant ainsi le rendement pour tous les assurés. À titre d’illustration, le rendement moyen des fonds euros est passé de 4,10 % en 2007 à 1,30 % en 2021. Et bien que ce rendement ait rebondi à 1,95 % en 2022 puis à 2,50 % en 2023, l’inflation élevée a entraîné une perte de pouvoir d’achat pour les épargnants.
La rapide hausse des taux récente, consécutive à la crise sanitaire et au conflit en Ukraine, a déprécié les obligations. Les assureurs ont compensé cela par une augmentation (relution) des rendements grâce aux investissements de la collecte et des lignes tombées à échéance à un taux devenu plus élevé. Mais cette relution est surtout liée au réinvestissement des lignes arrivées à échéance, la collecte nette à investir des assureurs ayant été à peine positive – à l’exception notable du succès du PER (qui permet lui aussi d’investir en fonds en euros).
Un objectif de collecte pour les assureurs, une opportunité pour les épargnants
Afin d’accroître la taille de leurs fonds euros et de tenir leurs engagements techniques, ils ont désormais des objectifs de collecte agressifs. Cela se traduit par des opérations promotionnelles intéressantes pour les épargnants et les investisseurs. Par exemple, les assureurs proposent actuellement des bonus de rendement sur les fonds euros pendant deux ans, pouvant aller jusqu’à 1% ou 2% de plus que le rendement standard, avec des plafonds autour de 5%. De quoi redevenir compétitif par rapport à l’inflation qui ralentit. Ce stock d’obligations que rentrent les assureurs à taux élevé devrait se valoriser dans la période qui vient avec les perspectives de baisse des taux par les banques centrales. Ces offres promotionnelles sont souvent conditionnées à un investissement significatif en unités de compte. Il est donc essentiel de bien choisir les offres adaptées à sa situation.
Cette stratégie promotionnelle semble fonctionner, puisque la collecte en janvier 2024 a été record, avec une collecte nette de 2,4 milliards d’euros, équivalente à celle de toute l’année 2023. Compte tenu de ces enjeux, il est probable que la hausse des rendements des fonds euros se poursuive dans les années à venir du fait du contexte de taux et des stratégies commerciales des assureurs pour gérer la transition.
Le retour des fonds euros comme solution sécurisée ?
Il est important de veiller à ce que la part des fonds euros dans l’allocation d’actifs corresponde aux objectifs de chaque épargnant : aversion au risque, horizon de temps et séquence d’épargne. Pour un horizon de placement à très long terme et en investissant régulièrement, il faut impérativement avoir des actions en portefeuille. Les fonds obligataires datés peuvent également être des options très intéressantes en ce moment.
Quid des fonds eurocroissance ?
Rappelons que les fonds eurocroissance, à la différence des fonds euros, donnent une garantie en capital seulement à terme. Ils investissent une part en obligations dont les coupons reconstituent dans le temps la garantie en capital et placent le reste sur des classes d’actifs plus risquées qui libèrent leur performance dans la durée et permettent au global d’espérer un rendement supérieur à celui des fonds euros, avec des contraintes de fonds propres inférieures pour les assureurs.
Lancés dans un contexte de taux bas voir négatifs, ils n’ont pas su proposer d’offres attractives : le rendement faible des obligations ne permettait pas de donner des garanties en capital à échéance raisonnable en libérant de quoi acheter des actifs plus rémunérateurs.
Cependant, dans le contexte actuel de taux d’intérêt élevés, ils pourraient redevenir compétitifs à l’avenir. Chez Mon Partenaire Patrimoine, nous parions que quand les fonds euros seront stabilisés, on verra de nouveau fleurir des offres eurocroissance attractives, si les taux n’ont pas trop rebaissé bien sûr.
En conclusion : les fonds euros présentent aujourd’hui des opportunités, mais il est crucial de bien évaluer ses objectifs et sa tolérance au risque avant d’investir. Les assureurs déploient des stratégies commerciales pour gérer la transition, et il est essentiel de tirer parti des offres promotionnelles tout en restant vigilant quant à la diversification de son portefeuille.