Support financier incontournable dans la palette de l’épargnant français, le fonds en euros est un outil qui a son intérêt dans le cadre du PER, à utiliser avec modération.
Même s’il a perdu de sa superbe, le fonds en euros demeure le placement financier star en France, essentiellement au sein de l’assurance vie. Aucun support financier n’égale son encours : bien que boudé depuis fin 2018 (probablement parce qu’il est plus difficile d’accès), il totalise encore plus de 1.300 milliards d’euros accumulés au fil des ans, soit davantage que tous les livrets d’épargne bancaires confondus, qu’ils soient réglementés ou non. Son succès a largement reposé sur le triptyque suivant : un capital garanti à 100%, la possibilité de retirer son argent à tout moment et des rendements généreux.
Érosion du rendement
Un constat qui est moins vrai aujourd’hui. Pour continuer à bénéficier du fonds euros dans les années à venir, les épargnants doivent d’ores et déjà renoncer au moins à l’un de ces trois piliers. L’inexorable érosion des portefeuilles d’obligations, dont sont composés à 80% les fonds en euros, met à mal sa rentabilité, dans un contexte de taux durablement bas. AG2R La Mondiale estime, par exemple, que le taux moyen de l’OAT 10 ans (indicateur de référence des obligations d’État françaises) va demeurer en terrain négatif en 2021, comme en 2020.
Toutefois, le fonds en euros demeure un outil indispensable dans la palette à la disposition de chacun. Réserve de trésorerie pour les uns, support d’attente permettant de saisir des opportunités pour d’autres, composante incontournable d’une allocation d’actifs dans le cadre d’une saine diversification, voire essentielle pour les épargnants les plus prudents ou les plus âgés…
Un avantage dans le cadre du PER
Si ces usages s’entendent dans le cadre de l’assurance vie, qu’en est-il dans le cadre du PER (plan d’épargne retraite) ? Instauré par la loi Pacte du 22 mai 2019, le PER individuel est né sur les cendres encore chaudes du Perp et du contrat de retraite Madelin dédié aux indépendants. Il en a repris les caractéristiques principales, tout en se débarrassant de ses principaux handicaps (je pense à la possibilité de sortie en capital qui n’existait qu’à hauteur de 20% pour le Perp et pas pour le Madelin). Le PER – lorsqu’il est géré par un assureur – a donc embarqué avec lui le bon vieux fonds en euros.
Pas une mauvaise idée, me direz-vous : contrairement à l’assurance vie, le fonds euros du PER n’est pas soumis aux prélèvements sociaux annuels, mais seulement au terme. Un bon moyen d’accumuler un peu plus d’épargne que dans une assurance vie, à effort financier constant. Le support à capital garanti est aussi bien utile lorsqu’il s’agit de sécuriser progressivement le contrat, à l’approche de son échéance.
Utilisation avec discernement
Si votre conseiller n’aura d’autre choix de composer votre contrat en respectant votre profil de risque (prudent, modéré, dynamique, audacieux), avec la part plus ou moins importante de fonds en euros que cela suppose, cette dernière ne saurait être excessive, ne serait-ce parce que vous ne pourrez l’utiliser à tout moment comme tirelire.
C’est encore plus vrai si vous prenez la responsabilité de composer vous-même votre contrat dans le cadre d’une gestion libre. Comment pourrez-vous espérer disposer d’un capital conséquent sur 10, 15 ans ou plus en misant principalement sur un support dont le rendement est voué à décliner de 0,20 à 0,30% par an dans les prochaines années, en partant de 1,45% en moyenne en 2019 ?
D’où l’importance de choisir un contrat offrant une gamme de supports financiers et immobiliers suffisamment large pour faire fructifier votre PER à long terme.
À propos de l'auteur
Olivier BRUNET
Rédacteur en chef et cofondateur de ToutSurMesFinances.com