L’allocation de capital porte généralement sur les classes d’actifs suivantes : les entreprises cotées et non cotées, les obligations, les matières premières, et l’immobilier. De tous ces véhicules d’investissement, le plus intéressant est le premier : l’entreprise.
Toutes les analyses historiques appuient cette conviction et montrent que sur une longue période, les actions sont la classe d’actifs qui offre la meilleure performance. Ce résultat n’est pas fortuit, il est la conséquence des avantages spécifiques de cette classe d’actifs.
Investir dans une entreprise, cotée ou non cotée, c’est avant tout devenir actionnaire, et donc propriétaire d’une partie de l’entreprise. L’investisseur reçoit une quote-part des bénéfices et des dividendes de la société. Il obtient donc un rendement annuel qui, sur une entreprise cotée, se mesure par le dividende versé en proportion de la capitalisation boursière. Actuellement, ce rendement annuel est d’environ 3,4%(1) pour la moyenne des entreprises européennes cotées.
Mais l’intérêt de l’investissement dans l’entreprise ne s’arrête pas là. Il porte sur le fait que l’investisseur a l’opportunité de voir son rendement augmenter progressivement, sans investir plus d’argent. Cet attribut spécifique provient du fait que la société, tout en distribuant des dividendes, réinvestit une partie de ses bénéfices dans son outil industriel afin de renforcer son modèle économique et accélérer sa croissance. Cela lui permet d’augmenter ses bénéfices, donc ses dividendes et donc le rendement pour l’actionnaire.
Prenons l’exemple d’un investissement de 100 € dans une entreprise qui a des bénéfices de 6 € et verse 3 € de dividendes (taux de distribution de 50%). Le rendement initial pour l’actionnaire est donc de 3% (3/100 = 3%). Si la croissance des bénéfices est de 6% par an, dans 10 ans, le dividende sera de 5,37 €(2) et le rendement de 5,37%, 80% de plus que le rendement initial.
À l’inverse, si l’on prend une obligation 10 ans avec un rendement de 3%, on sait que le rendement annuel ne sera jamais supérieur à 3%. La différence est importante. Dans le cas de l’obligation, les coupons reçus pendant la période représentent 30%(3) de l’investissement initial. Dans notre exemple de l’entreprise, les dividendes représentent 42%(4) de l’investissement initial, soit 40% de plus que dans le cas de l’obligation.
Enfin, les entreprises sont un investissement qui a la possibilité de protéger de l’inflation. On l’a vu sur les 12 derniers mois, la forte inflation érode le pouvoir d’achat et la valeur des placements à taux fixe comme les obligations. En revanche, les entreprises solides ont la capacité de répercuter la hausse des coûts dans leurs prix de vente afin d’obtenir des bénéfices, et donc des dividendes, stables ou en hausse. Le placement de l’investisseur dans l’entreprise est donc indexé positivement à l’inflation.
Sur ce sujet, les matières premières sont un autre actif qui tend à s’apprécier quand l’inflation augmente. Cependant, à l’inverse de l’entreprise, elles n’offrent pas de rendement annuel et imposent même des coûts de stockage.
Il reste l’immobilier, un placement qui lui aussi tend à protéger de l’inflation grâce à l’indexation des loyers. Mais il n’y a pas cette idée de réinvestissement des bénéfices pour augmenter le rendement de l’investisseur.
En fin de compte, si l’on cherche un investissement avec un rendement annuel, de la croissance et une indexation à l’inflation, seul l’investissement dans l’entreprise répond à ces trois critères. Il comporte évidemment des risques, mais qui valent la peine d’être pris, compte tenu des avantages qu’il procure.
(1) Bloomberg
(2) 3 x 1,03^10 = 5,37 € (à taux de distribution constant de 50%)
(3) (3 x 10) /100 = 30%
(4) (,.2+3,4+3,6+3,8+4+4,3+4,5+4,8+5,1+5,4)/100 = 42%
À propos de l'auteur
Laurent CHAUDEURGE
Gérant de fonds, BDL Capital Management