L’année prochaine, les retraites de base vont être alignées sur l’inflation. L’information a été confirmée par Olivier Dussopt, le ministre délégué aux Comptes publics, lors de la présentation à la presse le 29 septembre du prochain Budget de la Sécurité sociale.
La promesse d’Emmanuel Macron est donc, pour l’instant, tenue. À la suite du mouvement de contestation des Gilets jaunes, le chef de l’État a, en effet, promis que les retraites de base seraient indexées sur la hausse des prix en 2021 et en 2022. Cette annonce est venue calmer le mécontentement des retraités, qui avaient subi deux revalorisations des pensions de base inférieures à l’inflation depuis le début du quinquennat.
Des revalorisations nulles ou riquiqui
Ces sous-indexations font, il est vrai, très mal au portefeuille. À court terme, puisque les retraites ne suivent pas l’augmentation des prix à la consommation, ce qui fait mécaniquement perdre du pouvoir d’achat aux retraités. Mais également à long terme, puisque ce manque à gagner n’est jamais rattrapé dans le temps. Ce sont d’ailleurs les sous-revalorisations répétées des pensions de vieillesse instaurées ces dernières années qui expliquent notamment la baisse du niveau de vie des retraités, constatée par le Conseil d’orientation des retraites (COR) dans un récent rapport.
Et la situation ne devrait guère s’améliorer. Si les retraites de base vont augmenter au 1er janvier prochain, les retraites complémentaires vont, elles, stagner ce 1er novembre (date de leur revalorisation annuelle). À cause du Covid-19, l’Agirc-Arrco a perçu moins de cotisations qu’escompté et se retrouve, de nouveau, en déficit. Les partenaires sociaux, qui gèrent le régime, ont donc décidé de geler les pensions complémentaires cette année.
Les cadres particulièrement pénalisés
Ce scénario risque de se répéter, sachant que, sous l’effet de la crise sanitaire et économique engendrée par le coronavirus, qui s’ajoute au « papy-boom » et au vieillissement de la population, le « trou » du système français des retraites devrait atteindre 30 milliards d’euros, selon les projections du COR. Du jamais vu !
Il y a de grande chance pour que les retraités passent de nouveau à la caisse dans les années à venir. En d’autres termes, plus le temps passe et moins les retraites suffisent pour garantir un niveau de vie acceptable une fois que l’on a quitté la vie professionnelle. Un problème encore plus aigu pour les cadres du privé.
Les retraites Agirc-Arrco représentent, en moyenne, 60% du montant global des pensions des cols blancs (contre 30% pour les non-cadres). Or, toujours dans le but de remettre le régime dans le vert, le patronat et les syndicats ont fait baisser la rentabilité du point Agirc-Arrco. Alors qu’auparavant 100 euros de cotisation permettaient de percevoir 65 euros de rentes, le montant génère 60 euros de rentes aujourd’hui. C’est ainsi que les cadres devraient percevoir l’équivalent d’à peine 50% de leur dernier salaire à la retraite, selon les prévisions du COR. Soit une chute de moitié de leur pouvoir d’achat !
La « pierre » pour préparer ses vieux jours
D’où l’importance plus que jamais – et pas seulement si l’on a le statut cadre – de préparer sa retraite. Comme on l’a vu, il va devenir de plus en plus impératif de se constituer un revenu de complément pour compenser le faible niveau des pensions obligatoires. L’acquisition de la résidence principale est une réponse, puisque l’accession à la propriété évite de devoir payer des loyers à la retraite.
Mais elle n’est pas suffisante, d’autant que le retraité a intérêt à réaliser régulièrement des travaux d’entretien et de rénovation s’il veut vendre, dans de bonnes conditions, son bien immobilier pour financer son futur placement en maison de retraite. L’investissement locatif peut être judicieux. Les loyers viendront utilement compléter les retraites. Mais gare à la fiscalité (les revenus fonciers sont imposés), à la vacance locative et aux impayés de loyer.
La stratégie payante du PER
L’épargne retraite constitue une solution également à privilégier pour préparer ses vieux jours. Pas besoin de disposer d’un apport conséquent : il suffit de verser 50 euros pour ouvrir un plan d’épargne retraite (PER), distribué par Mon Partenaire Patrimoine. On peut cotiser quand on veut, même s’il est conseillé d’alimenter régulièrement son PER pour « lisser » son effort d’épargne dans le temps.
Les fonds peuvent être récupérés en cas de coup dur (décès du conjoint, invalidité, surendettement, fin des allocations chômage…) ou pour l’achat de la résidence principale. À la retraite, le PER peut être dénoué en capital et/ou en rentes viagères. Surtout, les versements volontaires peuvent être déduits du revenu imposable, dans une certaine limite (*). De quoi réduire sensiblement son impôt sur le revenu lorsque l’on est en activité, c’est-à-dire au moment où l’on est le plus imposé. Cette économie d’impôt peut être utilisée pour alimenter son PER et accroître ainsi sa déduction fiscale. Une stratégie payante, que les retraites obligatoires soient ou non revalorisées…
(*) À hauteur de 10% du plafond annuel de la Sécurité sociale (Pass) de l’année N-1 (l’année précédente) ou, si la formule est plus avantageuse, à hauteur de 10% des revenus professionnels de l’année N-1 dans la limite de huit fois le Pass de l’année N-1.
À propos de l'auteur
Jean-Philippe Dubosc
Rédacteur-en-chef de ToutSurMesFinances.com, expert des retraites