Loin de nous l’idée de vous faire croire qu’il existe une allocation d’actifs idéale qui gagne à tous les coups.
C’est un sujet qui intéresse tout autant les chercheurs en théorie mathématique que les praticiens en gestion financière, et l’on sait que la différence est parfois grande entre la théorie et la pratique !
On peut citer par exemple deux approches célèbres : le portefeuille permanent d’Harry Browne (écrivain et homme politique américain) et l’allocation « all weather » ou « tout terrain » de Ray Dalio (fondateur et co-investisseur principal du plus grand fonds spéculatif du monde, Bridgewater Associates)
Ces approches ont deux caractéristiques communes :
- elles sont fixes, c’est-à-dire que la pondération entre les classes d’actifs qu’elles préconisent est invariante dans le temps quelle que soit la conjoncture pour résister à tous les moments du cycle ;
- elles promettent un rendement substantiel dans la durée, avec une volatilité faible.
Harry Browne propose une allocation en quatre quarts :
- 25% de cash ou d’emprunts d’Etat à moins d’un an pour amortir les récessions et périodes de baisse des marchés
- 25% d’actions pour capter la croissance
- 25% d’or pour se protéger contre l’inflation
- 25% d’obligations d’Etat à long terme pour se couvrir contre la déflation
Sur 25 ans, on constate que ce portefeuille délivre une performance avoisinant 7% par an avec une volatilité de moins de 6%, et une pire année à -3%. Pas mal me direz-vous pour bien dormir par rapport à un CAC40 dividendes réinvestis qui donne sur la même période un peu moins de 10%, une volatilité de 22% et une perte maximale annuelle de -40% !
Passons du quatre quarts au 4×4 avec l’allocation « tout terrain » de Ray Dalio, qui comprend :
- 30% d’actions américaines
- 40% de bons du Trésor à long terme
- 15% de bons du Trésor à moyen terme
- 7,5 % de matières premières, diversifiées
- 7,5 % d’or
Sur 20 ans elle donne un rendement de plus de 7% annualisé pour 10% pour le S&P 500, avec une volatilité deux fois plus faible et une perte maximale plus de trois inférieure. Là aussi un résultat assez attractif en apparence !
Pourquoi en apparence ? Car c’est un résultat passé… et que par définition, même si l’on s’en inspire, le passé ne préjuge pas des résultats futurs. Par exemple, que peut-on considérer comme « valeur refuge » actuellement : l’or, l’immobilier ? certains disent les crypto-monnaies…
En matière d’obligations, considérons-nous le crédit d’entreprises privé ou bien les obligations d’Etats déjà surendettés ? Pour les devises : Dollar, Euro ou Reminbi comme monnaie de référence des années à venir ?
Et surtout, il y a fort à parier que 3 biais importants empêchent un épargnant de mettre en œuvre une stratégie répliquant ces allocations :
1/ Le premier biais est logistique : nos allocations sont aussi contraintes par l’univers d’investissement disponible dans les enveloppes fiscales adaptées à nos situations : sur un compte titres ou un contrat d’assurance vie patrimonial, on peut miser sur le fait que les supports disponibles nous permettront de les répliquer à peu près les composantes de ces allocations théoriques ; mais ce ne sera pas vrai dans un PEA par exemple, ou dans tout produit « maison » d’un établissement financer limitant le nombre de supports
2/ Deuxième biais, comportemental celui-ci : il nous est quasiment impossible sur le plan psychologique de ne pas chercher à optimiser chacun des compartiments à notre situation. Quelques illustrations :
- On sera certainement tenté d’investir en fonds euros ou sur un livret d’épargne, à la place du cash du portefeuille de Browne
- On aura probablement tendance à sur/sous-pondérer une zone géographique ou un secteur d’activité dans la part allouée aux supports actions
- On sera tenté d’ajouter ou d’augmenter l’exposition aux actifs immobiliers, si l’on regarde les résultats depuis une quinzaine d’année par exemple
- On cherchera peut-être davantage de crédit privé que des emprunts d’Etat, moins rémunérateurs ces derniers temps
- On fera confiance à des gérants à valeur ajoutée actifs plutôt que de simplement répliquer des indices, par exemple en misant sur des gestion thématiques…
3/ Troisième biais, à la fois comportemental et logistique – et c’est probablement le plus important : nous ne serons jamais parfaits, même avec l’aide d’outils automatisés (comme un robo-advisor) ou bien en gestion sous mandat, dans l’exécution des recalages nécessaires pour revenir régulièrement à l’allocation de base édictée par ces modèles d’allocation :
- il y a généralement une dispersion de notre épargne sur plusieurs produits rarement consolidés
- la séquence hétérogène de nos flux entrants d’épargne et de nos besoins de rachats
- le délai de valorisation des arbitrages, qui n’est pas instantané
- la tactique des gérants ou des allocataires…
Pour autant, ces modèles nous donnent de précieuses indications pour déterminer et exécuter nos allocations.
Alors quels enseignements pouvons-nous tirer de ces approches pour parvenir à l’allocation idéale ?
Finalement, l’allocation d’actifs qui marche à tous les coups, c’est celle qui présente 4 caractéristiques cumulées :
Chacun de ces points est essentiel. Reprenons-les :
1/ Adéquation du niveau de risque au profil du client :
Le profil de risque est le produit d’un niveau de connaissance financière, d’une expérience des placements et d’un horizon de temps.
Il varie évidemment selon chaque client et peut donner lieu soit à une allocation fixe, soit mieux, à une allocation dynamique dans le temps, qui vient par exemple sécuriser l’épargne à mesure que l’on se rapproche du moment où cette épargne sera consommée. En effet, un client qui sait qu’il n’aura jamais besoin de son argent c’est rare (et si c’est le cas, il peut accepter la volatilité et a plutôt intérêt à être investi en actions plutôt que selon les principes de Browne ou Dalio).
2/ Alignement de l’allocation sur les valeurs du client :
Ce point est essentiel et souvent oublié. Les clients sont sensibles – de plus en plus – à l’usage qui est fait de leur épargne : critères ESG classiques, fonds de partage, thématiques à exclure ou à privilégier (transition environnementale, financement de l’économie locale…)
Chez Mon Partenaire Patrimoine nous avons revus notre questionnaire investisseur pour inclure cette dimension « valeurs » dans notre approche : qui peut dire qu’il recherche la performance à tout prix, y compris en opposition avec ses convictions ?
3/ Diversification suffisante :
C’est une évidence mais elle est souvent laissée de côté dans les allocations de nombreux clients, même pour des montants investis significatifs ! Cela vaut pour les classes d’actifs et sous-classes d’actifs, les zones géographiques, les gérants, la taille de capitalisation des entreprises….
En immobilier également, il faut diversifier : qui veut tout miser sur une seule ville, en bureaux ou en commerces ? Réaliser son patrimoine immobilier physique (qui peut devenir un fardeau) a du sens pour des clients qui peuvent ensuite être re-orientés sur une allocation immobilière plus large, plus diversifiée, en SCPI, SCI ou OPCI, avec des gérants sensibles à l’amélioration de l’empreinte environnementale de leur parc
4/ Exécution rigoureuse :
C’est une clé mais elle comporte plusieurs volets :
- Arbitrages et désensibilisation au risque de marchés : de ce point de vue la gestion pilotée est bien plus rigoureuse que nous !
- Investissement régulier (mensuel par exemple)
- Révision régulière de la situation des clients (au moins deux fois par an)
Une allocation idéale (s’il en existe une !) c’est avant tout celle qui s’appuie sur la compréhension de l’humain et la rigueur du process.
Faites-vous accompagner pour cela par des professionnels, à l’écoute, expérimentés et disposant d’outils performants : n’hésitez pas à solliciter nos conseillers, qui sauront vous apporter une proposition d’allocation adaptée !