Le PIB français devrait se contracter de plus de 8% en 2020. Un tel choc conjoncturel ne peut être indolore pour les entreprises et aura donc des répercussions conséquentes sur le taux de chômage. Gardons en tête que ce sont les ETI qui sont les plus créatrices d’emplois. En 10 ans, les ETI (environ 6000 sociétés) ont créé plus d’emplois que l’ensemble des PME (environ 4 millions). Il est impératif de soutenir ces entreprises si l’on veut sauver nos emplois et réduire structurellement le chômage, talon d’Achille de l’économie française. Il est aussi impératif de donner les moyens à des PME de devenir des ETI.
Initiative louable
Bruno Lemaire a annoncé la semaine dernière le lancement d’un fonds d’investissement dans des entreprises non cotées, géré par la BPI, et mis à la disposition des français : enfin ! Depuis la création du PEA-PME en 2014, aucune mesure significative n’avait été prise par un gouvernement pour encourager les français à investir directement dans leur tissu économique.
L’objectif recherché par le gouvernement avec le fonds BPI France Entreprises 1 est celui d’augmenter le nombre de ces ETI. Dans un pays champion de l’émergence des start-up une question légitime se pose : ce fonds ne profitera-t-il une nouvelle fois qu’aux jeunes pousses ou bien favorisera-t-il le développement de futures ETI, voire de géants internationaux ? J’espère un peu des deux.
L’objectif du gouvernement et l’intérêt d’un tel fonds pour l’économie sont donc clairs.
Des atouts et des limites
Plaçons nous maintenant du côté de l’investisseur. Investir dans BPI France Entreprises 1 est-il recommandé ? La réponse est la même que pour n’importe quel autre investissement : cela dépend pour qui et dans quel contexte ? BPI France Entreprises 1 offre des atouts certains : il a la signature BPI, gage d’une sélection rigoureuse, il est très diversifié, avec ses 1500 lignes, et équilibré, puisqu’il investit dans des sociétés appartenant à des secteurs très différents. Pour autant un investissement dans un tel fonds ne conviendra pas à tous les types d’investisseurs. Le montant minimum d’investissement est de 5000€ alors que celui-ci , pour une question indispensable de diversification, ne pourrait excéder 5% du patrimoine, il s’adresse donc à des investisseurs dont la surface patrimoniale excède au minimum 100000€. La somme investie sera bloquée pendant 6 ans, ce qui en cas d’imprévu peut être contrariant pour l’épargnant…
Certains avanceront, à juste titre, que cette contrainte de liquidité est la juste rançon d’un rendement élevé… justement, le rendement cible de 5 à 7% avancé par les protagonistes est-il approprié ? Oui et non. Oui parce qu’il ne faut jamais oublier que les taux sans risque sont négatifs, et non puisque dans le private equity les rendements observés oscillent plutôt autour de 10%…
Une autre question peut légitimement être posée : le timing d’investissement est-il le bon ? En investissement, il est aussi important de diversifier son portefeuille que de lisser ses points d’entrée. Un investissement dans un fonds fermé ne permet pas de lisser son point d’entrée, alors, s’assurer d’acheter à un bon prix est indispensable. A quel prix vont investir les souscripteurs de BPI France Entreprises 1 ? Les actions des sociétés non cotées ne sont valorisées qu’à de rares occasions et les positions étant déjà détenues par le fonds, il y a tout à parier que leurs valorisations n’aient pas été revues à la baisse, que l’impact de la crise sanitaire n’ait pas été totalement intégré aux valorisations.
D’autres solutions moins contraignantes
Dans le contexte actuel, apporter du financement aux entreprises est indispensable. Cela sera salvateur pour certaines, game changers pour d’autres. Elles pourront ainsi réaliser les investissements essentiels à leur survie, à la mutation de leur domaine d’activité, ou à l’acquisition d’autres sociétés plus en difficulté. Elles pourront ainsi sauver et créer des emplois. C’est souvent quand les entreprises ont le plus besoin de financement qu’elles sont les moins chères. L’intérêt d’investir aujourd’hui dans ce type de fonds est donc double : celui de participer au financement du tissu économique français et de probablement réaliser des plus-values non négligeables, d’autant moins négligeables dans un contexte de taux nul. BPI France Entreprises 1 conviendra aux épargnants que le minimum d’investissement de 5000 € n’effraiera pas, qui ne verront pas d’un mauvais œil l’absence de transparence dans les valorisations des sociétés détenues par le fonds, et qui pourront accepter de voir leur investissement bloqué pendant 6 ans. Les autres pourront toujours participer au financement des ETI cotées qui offrent le triple avantage d’avoir un minimum d’investissement beaucoup plus faible, une valorisation en continu et aucune durée de blocage des sommes investies. Depuis le PEA-PME, aucune initiative n’a été prise par le gouvernement pour celles-ci, mais les PEA et PEA-PME offrent des conditions fiscales très avantageuses pour celui ou celle qui voudrait investir dans des ETI cotées.
Entre les mois de février et de juillet, les français ont épargné plus de 100 milliards d’euros. Le taux d’épargne atteint aujourd’hui 27% contre 15% en 2019. L’économie française sortirait grandie de voir une partie de cette manne financière réinvestie dans les entreprises, et les épargnants y trouveraient un moyen efficace de faire fructifier leur bas de laine à moyen terme ! Il ne reste alors plus qu’à trouver le bon support d’investissement, à la fois adapté à votre situation patrimoniale et à votre horizon d’investissement, et donc à vous tourner vers votre conseiller MonPartenairePatrimoine.com.
À propos de l'auteur
Louis Albert
Directeur des investissements d’IDAM